• La tour de Nesle

    La tour de Nesle

    Un sombre drame de famille

     

    La tour de Nesle est liée à un épisode dramatique du règne de Philippe le Bel. Cette tour fait partie de l’enceinte édifiée par Philippe Auguste à la fin du XIIe siècle. Ronde et massive, haute de 25 m, elle se dresse sur la rive gauche de la Seine, face au Louvre. A partir de 1312, on chuchote à Paris que les brus du roi ont pris pour amants deux chevaliers de petite noblesse, Gau­tier d’Aunay et son frère Philippe; Mar­guerite de Bourgogne, femme du triste Louis le Hutin, est la maîtresse du pre­mier et Blanche d’Artois, épouse de l’insignifiant Charles de la Marche, est celle du second; la sœur de Blanche, Jeanne d’Artois, femme de Philippe le Long, est dans le secret, mais elle se tait. Le roi, pourtant, a vent de l’affaire: en mai 1314, il ordonne l’arrestation des coupables qui avouent rapidement leur faute. Jugés, les frères d’Aunay sont aussitôt exécutés avec une cruauté raffi­née; Jeanne d’Artois, enfermée un moment à Dourdan, proteste de son innocence; son mari lui pardonne et elle retrouve ses dignités; il est vrai qu’elle est l’héritière de la Franche-Comté qui échapperait au royaume en cas de répu­diation... Mais Marguerite et Blanche sont recon­nues coupables et sont sévèrement châ­tiées: tondues et vêtues de haillons, elles sont internées au Château-Gaillard, entre Paris et Rouen; Marguerite, brisée par le remords et l’inconfort de son cachot, ne survit pas au premier hiver; Blanche, plus endurcie et mieux traitée, subit dix ans de réclusion et ne quitte le donjon que pour finir ses jours comme religieuse à l’abbaye de Maubuisson. Si le scandale est énorme, la pureté de la lignée dynastique est préservée; mais l’imagination populaire ne tarde pas à affabuler, prêtant aux princesses les pires turpitudes: on les accuse d’avoir attiré des passants dans la tour de Nesle et, après les avoir mêlés à leurs orgies, de les avoir fait noyer dans la Seine pour s’assurer de leur silence. Rien n’a jamais confirmé ces récits; on ne sait même pas si c’est dans la tour que se retrouvaient les amants; le drame d’Alexandre Dumas, La Tour de Nesle, écrit en 1832, a largement contribué à la diffusion de telles légendes. En effet, en voulant rechercher le pittoresque, les romantiques ont diffusé, à propos du Moyen Age, une quantité d’idées faus­ses dont le grand public est encore tribu­taire. Les progrès de la recherche histo­rique, amorcée depuis Michelet, n’a pas toujours réussi à éliminer des préjugés souvent grossiers; fort heureusement, des études bien documentées viennent, aujourd’hui, réhabiliter une époque qui fut grande et que des historiens ama­teurs ont trop souvent calomniée. La tour de Nesle a été démolie en 1663 pour permettre la construction du collè­ge des Quatre-Nations; elle se trouvait sur l’emplacement aujourd’hui occupé par la bibliothèque Mazarine, rattachée en 1945 à celle de l’institut, quai Conti.

    « Diane de Poitiers - 1499-1566Charles VI - 1368-1422 »

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