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La paix de Saint-Germain - 8 août 1570
Le renversement des alliances?
La paix de Saint-Germain met fin à la troisième guerre de religion, marquée non plus par l’offensive du pouvoir royal contre des bandes rebelles inorganisées, mais par la lutte de deux armées, avec alliances, sièges, batailles rangées, manœuvres de grande allure. Le protestantisme est devenu une force sociale, politique et militaire, avec laquelle le pouvoir doit compter. Tel est le sens de la paix de Saint-Germain. Une lutte âpre a opposé les deux partis: d’un côté, l’armée royale du duc d’Anjou, futur Henri III, appuyée par des renforts espagnols et pontificaux, des reîtres et des suisses; de l’autre, l’armée huguenote de Condé et de Coli- gny, centrée sur La Rochelle où se sont rendus l’indomptable Jeanne d’Albret et son fils, le futur Henri IV. Les succès n’ont pas manqué à l’armée royale: à Jarnac, Condé a été tué le 13 mars 1569; à Moncontour, Coligny, démuni d’argent et ne pouvant payer ses troupes, a été battu. Mais, par une marche audacieuse, contournant le Massif central, l’amiral a sauvé son armée et a reparu sur la Loire; de leur côté, les corsaires rochelais désolent l’océan. Catherine comprend qu’elle doit traiter. L’entente avec les protestants est-elle possible? En tout cas, les Guise sont disgraciés. L’édit de pacification de Saint-Germain accorde aux réformés la liberté de conscience dans tout le royaume, l’exercice public de leur culte partout où il s’est pratiqué jusqu’ici, ainsi que dans les faubourgs de deux villes par gouvernement, dans les demeures des seigneurs haut justiciers; les protestants obtiennent, pour deux ans, quatre places de sûreté: La Rochelle, Montau- ban, La Charité et Cognac. Le roi appuie «ses bons parents et amis», le prince d’Orange et Ludovic de Nassau, sujets rebelles de Philippe II; l’alliance espagnole et la cause catholique sont donc remises en question. Mais, si la révolte hollandaise des Gueux semble s’affirmer, la flotte hispano-vénitienne de don Juan d’Autriche anéantit celle du sultan, l’année suivante, à Lépante. La paix pourrait être garantie par un bon mariage: Catherine offre à Henri de Navarre la main de Marguerite, la perle des Valois. Une nouvelle ère va-t-elle s’ouvrir pour le royaume de France?
Tags : paix, saint, germain, deux, l’armee
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