• La création de l’Académie française - 1635

    La création de l’Académie française - 1635

    La littérature nationalisée

    Le 2 janvier 1635, des lettres patentes annoncèrent «la création d’un corps chargé de rendre le langage français non seulement élégant, mais capable de trai­ter tous les arts et toutes les sciences». Vaste et noble programme! Les hom­mes chargés de former ce nouveau corps exerçaient depuis longtemps leur sens critique dans un même effort lin­guistique et littéraire. Depuis 1629, quelques amateurs de belles-lettres, parmi lesquels le poète Gombauld, le traducteur Louis Giry, Germain Habert, abbé de Cerisy, et son frère, Habert de Montmort, Chapelain, futur auteur vilipendé de La Pucelle, le romancier Desmarets de Saint-Sorlin, l’abbé Godeau, familier de l’hôtel de Rambouillet, se réunissaient chaque semaine rue Saint-Martin chez leur con­frère Valentin Conrart, mécène à ses heures, pour discuter de grammaire et d’esthétique. Le seul désir du groupe était de demeurer ignoré: nul ne son­geait à former un corps officiel. Richelieu fut pourtant mis au courant de ces réunions par un de ses fidèles, Boisrobert. L’autoritaire cardinal ne pri­sait guère les assemblées qu’il ne domi­nait pas. Il désira tenir sous sa houlette ces amis des lettres françaises et tirer ainsi un nouveau prestige de l’appui offi­ciel qu’il leur accorderait. Il proposa donc à Conrart d’ériger le petit groupe en une académie dont il deviendrait le protecteur. Les écrivains, d’abord cons­ternés, comprirent vite qu’il n’était pas question d’éluder l’invitation d’un homme «qui ne voulait pas médiocre­ment ce qu’il voulait». En cette année 1634, ils étaient une vingtaine. Il fallut trouver de nouvelles recrues pour arri­ver au chiffre de quarante auquel on s’était arrêté. Les candidatures affluè­rent. Richelieu imposa quelques noms, accepta certains autres, parmi lesquels le grammairien Vaugelas, Guez de Bal­zac, l’épistolier, les poètes Racan et Voi­ture, ainsi que le chancelier Pierre Sé- guier. En 1635, ils n’étaient encore que trente-six. Ils ne furent au complet qu’en 1639. Il fut entendu que les académi­ciens travailleraient à l’élaboration d’un dictionnaire, d’une grammaire, d’une rhétorique et d’une poétique. Conrart prépara les statuts qui furent soumis au cardinal. Comment allait-on appeler la nouvelle assemblée? On hésita entre «Académie des beaux esprits», «Acadé­mie des polis», «Académie de l’éloquen­ce». Finalement, la majorité se rallia au nom plus simple d’«Académie fran­çaise». Les ennemis de Richelieu ridiculisaient la jeune institution. Le parlement ne montrait aucune chaleur pour la créa­tion de l’Eminentissime protecteur et il fallut attendre le 10 juillet 1637 pour que les lettres patentes fussent enregis­trées. L’Académie commençait sa car­rière, avec la ferme volonté d’ignorer critiques, satires et brocards. Elle est toujours vivante.

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