• La cour de Charles V

    La cour de Charles V

    L’intimité du roi savant

    Le roi Charles V ne ressemble ni à son père ni à son grand père. Les désastres militaires et les troubles intérieurs ont mûri son caractère. Il a pris pour modè­le Saint Louis et réformé les mœurs comme la politique. Il mérite bien le sur­nom de «Sage» que sa biographe. Chris­tine de Pisan, lui a donné. Christine a vécu à la cour dans la familiarité du roi et des siens. Elle juge cette cour avec lucidité. Charles V ne cherche pas à éblouir. Il veut un entourage simple et discret dans l’existence quotidienne. Le nombre des offices a été considérable­ment réduit, les gages aussi. Quand il faut relever le royaume, l'austérité est de règle. Mais cette simplicité sait faire place à la magnificence s’il s’agit d'honorer la France. Charles doit-il recevoir un prince étranger? Quand Charles IV, l’empereur du Saint Empire, vient rendre visite au roi en janvier 1378, celui-ci exige que les seigneurs de la cour soient parés de vêtements somp­tueux. Il convoque une troupe de bate­leurs qui, pendant les repas, représen tent des tableaux vivants. En temps habituel, le roi aime à s'entou­rer d'hommes aptes à satisfaire sa curio­sité intellectuelle: Gervais Chrétien, son valet de chambre, Gilles Malet, à qui il confie la garde de sa «librairie», cette bibliothèque qui reste le noyau de notre Bibliothèque nationale. Voici encore Raoul de Presles, son traducteur, et aussi cette Christine de Pisan, la premiè­re femme de lettres qui ait vécu de sa plume. A la lire, on observe qu’en cette cour savante on invoque volontiers Aristote ou Sénèque, tout en conservant les traditions de la chevalerie. Le roi préfère le travail réfléchi à l'action sur le champ de bataille et laisse à son conné­table Bertrand du Guesclin le soin de vaincre l'Anglais et de terminer les guer­res féodales. Il s’entoure d’excellents conseillers, comme Hugues Aubriot, Pierre d'Orgemont et, surtout. Bureau de La Rivière. Avec eux, il relève la France meurtrie. Charles V prend aussi d'heureuses ini­tiatives. Il n’ignore pas que l’indépen­dance de la féodalité nuit à l’unité du royaume. Certes, il a confié de grands fiefs à ses frères et les cours des ducs de Berry ou de Bourgogne sont aussi importantes que la sienne. Mais le roi cherche à regrouper autour de lui tous les petits seigneurs dont il n’aime pas la turbulence. C’est ainsi que va naître son grand projet: faire de ce château de Vin­cennes, qu’il a terminé, une véritable cité où sa noblesse viendra résider. «Le roi, écrit Christine de Pisan, voulut faire de son chastel du bois de Vincennes une ville fermée où seigneurs, chevaliers et autres seraient venus résider en de beaux manoirs.» Le temps lui manqua pour réaliser ce dessein que son succes­seur devait abandonner, mais qui sera repris trois siècles plus tard par Louis à Versailles.

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