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La bataille de Rossbach
Le 18 mai 1756, l’Angleterre déclare la guerre à la France. Ln été, la Prusse intervient à son tour en occupant sans avertissement la Saxe: la guerre de Sept Ans est commencée. L’Europe en armes se divise en deux camps: d’un côté, les Britanniques de George II et les Prussiens de Frédéric II; de l’autre, la France de Louis XV et l’Autriche de Marie- Thérèse, alliées à la Russie et aux princes d’Empire.
En 1757, la France dispose d’une armée de 100000 hommes, chiffre élevé pour l’époque. La campagne commence bien. Frédéric II échoue devant Prague; le maréchal d’Estrées chasse de Westphalie l’armée anglo-prussienne commandée par le duc de Cumberland; le maréchal de Richelieu est vainqueur à Kloster Zeven et envahit le Hanovre. En automne, le prince de Saxe-Hildburghausen et Charles de Rohan, prince de Soubise, font leur jonction en Allemagne orientale, à l’ouest de la Saale; leur intention est de marcher sur Leipzig. Les 31000 hommes de Hildburghausen forment une troupe disparate de contingents fournis par une trentaine de petits princes allemands. Les 24000 Français de Soubise sont de bons soldats, mais plus enclins à la maraude qu’à la discipline. Parvenus entre Merseburg et Weissenfels, dans le district de Halle, les 55 000 hommes de l’armée austro-française se retranchent sur une colline, en face du village de Rossbach. Les Prussiens, deux fois moins nombreux, ne peuvent songer à les attaquer sur cette forte position, mais ils ont à leur tête un remarquable stratège, leur souverain Frédéric II. Ce dernier laisse croire à l’ennemi qu’il quitte le terrain; sans méfiance, Hildburghausen et Soubise comptent lui couper la retraite en l’enveloppant sur sa gauche. Frédéric II laisse les Franco-Impériaux dessiner leur mouvement; puis, ayant fait volte-face, il attaque de front et de flanc. Surpris et mitraillés à bout portant, les Alliés fuient en débandade. Quelques Français se reprennent et résistent jusqu’à ce que la perte de leurs officiers et l’assaut écrasant des cavaliers de Seydlitz les obligent à céder: la victoire du roi de Prusse est complète.
Soubise fera injustement les frais de cette défaite, il ne commandait pas en chef à Rossbach; l’année suivante, à Sondershausen, il vaincra les Hessois et les Hanovriens. Mais, bien que favori de Mme de Pompadour, il devra attendre longtemps son bâton de maréchal. La postérité le tiendra pour un piètre guerrier; il restera le vaincu naïf et maladroit de Rossbach, celui que les Parisiens chansonnaient:
«Soubise dit, la lanterne à la main:
«J’ai beau chercher, où diable est mon [armée?
Elle était là pourtant hier matin.
Me l’a-t-on prise ou l’aurais-je égarée?»
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