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L’invention de la photographie - 1827
Le principe de la formation d’une image dans une chambre noire percée d’un simple trou ou munie d’une lentille, quoique connu depuis très longtemps, n’a eu que des applications fort limitées jusqu’à ce que, dans les premières années du XIXe siècle, on se soucie d’obtenir des images permanentes en faisant agir la lumière sur des substances chimiques. C’est en utilisant la propriété qu’ont les sels d’argent de noircir sous l’effet de la lumière que l’Anglais Wedgwood parvient, dès 1802, à reproduire des gravures sur un support imbibé d’une solution de nitrate d’argent en les exposant par transparence à la lumière. Mais ces images demeurent dépourvues de demi-teintes et disparaissent lorsqu’elles sont exposées à nouveau. Ces travaux inspirent Nicéphore Niepce, homme à la curiosité insatiable, qui se livre aux expériences les plus diverses dans sa propriété de Saint-Loup-de Varennes, près de Chalon-sur-Saône. Niepce imagine d’appliquer le procédé de Wedgwood à la lithographie, une technique nouvelle de reproduction des gravures, fondée sur les propriétés chimiques de certains calcaires. Ces travaux le conduisent à envisager d’impressionner une surface sensible non plus par transparence mais en la plaçant dans une chambre noire. Dès 1816, il enregistre ainsi ses premières héliographies, mais celles-ci demeurent pâles et s’évanouissent rapidement. Niepce expérimente diverses substances sensibles avant de découvrir les avantages du bitume de Judée, qui blanchit et devient insoluble sous l’effet de la lumière. Il expose longuement ses plaques sensibles dans la chambre noire puis les lave; seules les parties «insolées» — devenues insolubles — subsistent. Ainsi sont fixées les toutes premières images photographiques durables: une table servie et le paysage de Saint-Loup- de-Varennes. Quelques années plus tard, Niepce s’associe avec Daguerre, un peintre décorateur qui a ouvert le «diorama» où il montre de grands tableaux translucides. Niepce meurt en 1833, mais Daguerre poursuit son œuvre. Il obtient en 1835 des images très fidèles sur des plaques d’argent sensibilisées par des vapeurs d’iode avant d’être exposées dans la chambre noire, puis révélées dans des vapeurs de mercure. L’exécution de ces daguerréotypes est aisée et ne nécessite que quelques minutes d’exposition. Arago soulève un intérêt passionné en présentant le procédé à l’Académie des sciences en 1839. La daguerréotypie connaît aussitôt un immense succès dans le monde entier. Les artistes sont troublés. «A partir d’aujourd’hui, la peinture est morte», déclare l’un d’eux.
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