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L’expédition du Tonkin 1885
Vers 1880, l’arrivée au pouvoir des républicains opportunistes, avec Freycinet et, surtout, Jules Ferry, redonne à la France une politique coloniale. En Indochine, le seul problème qui intéresse les Français est l’accès au marché chinois. En 1880, le gouvernement français décide d’envoyer des troupes au Tonkin. Cette intervention entraîne un double conflit avec l’Annam et la Chine. En 1883, le gouvernement annamite doit reconnaître le protectorat français. En 1885, une brusque révolte est vite réprimée. La Chine est déterminée à défendre sa suzeraineté sur la région. En 1883, elle envoie au Tonkin une armée régulière, tandis que le corps expéditionnaire français est porté de 9000 à 15 000 hommes. Une première guerre aboutit à la prise des places frontières de Son Tây (décembre 1883) et de Bac Ninh (décembre 1884). Le 11 mai 1884, le premier traité de T’ien-tsin, négocié par le capitaine de frégate Fournier, est conclu. La Chine reconnaît le protectorat français sur l’Annam et promet de rappeler ses troupes. Cependant, le traité n’est pas appliqué; la Chine maintient ses troupes. Les combats recommencent mais sans déclaration de guerre, car le gouvernement français tient à ménager l’opinion publique. L’amiral Courbet occupe Formose; il détruit 23 navires en face de Fou- tcheou, dont il bombarde les forts et l’arsenal. Il s’empare des îles Pescadores et assure le blocus du riz qui empêche la Chine du Nord de se ravitailler. Sur terre, Tuyên Quang, défendue par les 600 hommes du commandant Dominé et l’héroïque sergent Bobillot, résiste, du 21 décembre 1884 au 3 mars 1885, à une armée chinoise de 15000 hommes. Cependant, Jules Ferry accepte d’engager des négociations de paix. Elles sont sur le point d’aboutir lorsqu’une dépêche du général Brière annonce que l’armée française a dû évacuer Lang Son et recule devant les Chinois. Cette nouvelle fait l’effet d’une véritable bombe. Le 30 mars 1885, à la Chambre, Clemenceau prend violemment à partie le «Tonkinois», c’est-à-dire Jules Ferry, qu’il accuse, ainsi que ses collègues, de haute trahison. Jules Ferry ne se croit pas autorisé à divulguer les pourparlers avec la Chine. Il est battu par 306 voix contre 149 et doit démissionner. La séance est si houleuse qu’il doit même quitter la Chambre par une porte dérobée. En fait, la situation militaire est meilleure qu’on le croit; le 9 juin 1885, un second traité de T’ien-tsin confirme les stipulations du premier. L’occupation de la péninsule indochinoise par la France est en bonne voie.
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