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L’édit de Nantes - 13 avril 1598
Une loi générale, claire et absolue
En 1598, Henri IV affirme, dans le préambule de l’édit de Nantes, sa volonté de régler définitivement les questions religieuses qui, depuis un demi-siècle, divisent les Français. De cette pacification, il attend le rétablissement de l’Etat «dans sa première splendeur, opulence et force». Il constate l’impossibilité d’établir l’unité religieuse dans le royaume, «la qualité des temps ne le peut porter», du moins demande-t-il à ses sujets «de s’unir dans une même intention».
Ce préambule, souvent négligé, est essentiel; il définit l’esprit de l’édit: ne pas avantager tel ou tel parti, mais défendre l’intérêt de l’Etat et faire rentrer dans l’obéissance les tenants des deux religions. L’édit se développe en 92 articles que complètent 56 articles particuliers et 2 brevets. Il vise à régler la situation légale du protestantisme français, compte tenu de son importance à la fin des guerres de religion: constitution de neuf provinces avec leur conseil et d’une assemblée générale tenue chaque année. Droits religieux d’abord: liberté de conscience partout et liberté limitée du culte; ce dernier est autorisé conformément à l’édit de Poitiers de 1577 (une ville par bailliage ou sénéchaussée); il est interdit à Paris, dans un rayon de cinq lieues autour de la ville, à la cour, aux armées, dans les villes épiscopales. L’organisation ecclésiastique est maintenue, les synodes provinciaux et généraux sont reconnus par l'Etat, les pasteurs comme les prêtres sont exempts de la taille. Droits civils ensuite: égalité complète avec les catholiques; admission à tous les emplois, dans les universités, les écoles, les hôpitaux; des chambres mi- parties, dites «chambres de l’édit», sont constituées dans certains parlements (Grenoble, Toulouse, Bordeaux). Garanties politiques, enfin: octroi, pour une durée de huit ans, d’une centaine de places de sûreté, dont Montauban et La Rochelle, mesure réglée par le brevet du 30 avril; une somme annuelle de 45 000 écus est octroyée pour l’entretien des pasteurs. L’édit rencontre la résistance de l’opinion, encore fanatisée par les souvenirs de la Ligue. Certains parlements refusent l’enregistrement; les assemblées du clergé sont hostiles, et le pape considère l’édit comme une «balafre à son visage». Le roi impose sa loi aux uns et aux autres. L’édit établit un régime nouveau et inconnu jusque-là; la France devient «la France des deux religions», qualité qui jouera un rôle dans la guerre de Trente Ans, notamment au moment de la pénétration en Alsace. L’édit demeure cependant une œuvre de circonstance, conçue par un roi qui se souvient d’avoir été huguenot; c’est l’aboutissement d’une doctrine, celle des politiques. En contrepartie, le roi soutient l’Eglise catholique: le 1er septembre 1603, les jésuites sont rétablis en France. La Contre-Réforme prend son essor.
Tags : l’edit, avril, religion, generaux, roi
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Commentaires
1ErikakashiDimanche 12 Février 2023 à 09:28Je trouve ça vraiment passionnantRépondre
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