• L’attentat de Damiens - 5 janvier 1757

     

    L’attentat de Damiens - 5 janvier 1757

    Illuminé mais martyr

    Le 5 janvier 1757, à la nuit tombée, Louis XV s’apprête à monter en carros­se au château de Versailles pour aller dî­ner à Trianon. C’est alors que, surgis­sant de l’ombre, un individu s’élance et le frappe au flanc d’un coup de couteau. Il est aussitôt maîtrisé. Très impression­né, le roi regagne ses appartements, se met au lit et réclame son confesseur. Sitôt connue, la nouvelle de l’attentat provoque une consternation générale. On se presse au palais, à l’Hôtel de Vil­le, à la poste pour lire les bulletins. L’archevêque de Paris ordonne quaran­te heures de prière; les théâtres sont fer­més.

     

    On connaît bientôt le nom de l’assassin, un certain Damiens qui a été garçon de salle chez les jésuites. Son geste ne peut avoir qu’un caractère politique. On accuse les Anglais, les jansénistes, les magistrats, à une heure où le conflit entre le roi et les parlements au sujet de l’impôt bat son plein. Il faut bientôt reconnaître que Damiens est un désé­quilibré. Il a agi seul; il n’a pas voulu tuer le roi, mais simplement le rappeler à ses devoirs. Le gouvernement sévit cependant; il arrête des ecclésiastiques, envoie aux galères des libraires et impri­meurs et bannit quelques écrivains. Mais les conséquences de l’affaire sont ailleurs. Même si la blessure est en fin de compte légère, Louis XV s’est cru frap­pé à mort. Il a ordonné au dauphin de présider le Conseil et demandé à la reine pardon de ses torts envers elle. Pour tout un parti dirigé par d’Argenson et Machault d’Arnouville, ce repentir signifie disgrâce de Mme de Pompadour, invitée à s’éloigner. Espoir préma­turé. Rétabli, rassuré, le roi n’a rien de plus pressé que de congédier les adver­saires de la favorite: d’Argenson et Machault lui-même, en dépit de l’estime qu’il lui porte. Mais ce renvoi obéit, en fait, à des raisons plus profondes. En congédiant deux hommes à l’origine des réformes impopulaires, Louis XV a cru pouvoir apaiser les parlements, rétablir le calme dans les esprits. En réalité, il ne fait que différer l’assainissement néces­saire des finances et la refonte de l’Etat. Quant à Damiens, il va subir, le 28 mars 1757, le supplice des régicides, celui-là même qu’a connu Ravaillac. Il est con­duit sur un tombereau place de Grève, emplie d’une foule immense qui garnit les fenêtres et les toits. Tenant en sa main droite le couteau avec lequel il a frappé le roi, il est d’abord «tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jam­bes». Sur les plaies, le bourreau jette du plomb fondu et de l’huile bouillante. «On Pécartela ensuite, raconte la Gazet­te d’Amsterdam. Cette dernière opéra­tion fut très longue... Il ne lui échappa aucun blasphème; seulement, les exces­sives douleurs lui faisaient pousser d’horribles cris et souvent il répéta: «Mon Dieu, ayez pitié de moi! Jésus, secourez-moi!»

    « Léon Blum - 1872-1950Jules Grévy - 1807-1891 »

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