• L’abbé Prévost

    Une nouvelle peinture de l’amour

    L’abbé Prévost

     

    La vie de Prévost a été aussi mouve­mentée que celle de ses héros. Il a dit de lui-même: «Je suis la chimère de mon siècle: ni clerc ni laïc.» Né à Hesdin (Pas-de-Calais) dans la bourgeoisie aisée, élève des jésuites de sa ville natale, il s’enfuit à 16 ans pour s’engager dans l’armée. A la suite d’on ne sait quelle affaire trouble, il se réfugie chez les bé­nédictins de Jumièges, fait son noviciat et prononce ses vœux en 1721. Ordonné prêtre à Amiens en 1726, il prêche bril­lamment, à Paris, à l’abbaye des Blancs- Manteaux et à Saint-Germain-des-Prés, tout en commençant à écrire. Les quatre premiers tomes de son roman Mémoires et Aventures d’un homme de qualité paraissent en 1728. Les trois volumes suivants, dont le septième et dernier contient L’Aventure de Manon Lescaut et du chevalier Des Grieux, sont publiés en Hollande en 1731, puis en France où ils sont interdits en 1733. Sans attendre les foudres de l’autorité, l’abbé Prévost passe à l’étranger: on le retrouve aux Pays-Bas, où il se lie avec les protes­tants français et rencontre Voltaire, ou en Angleterre, où il est précepteur d’un jeune noble, fait de la prison et se cache sous le nom d’Islebourg puis d’Exiles. Rentré en France en 1735, Prévost réintègre son couvent de bénédictins, devient l’aumônier du prince de Conti, fréquente la bonne société et lance, en 1740, une gazette dont il est le seul ré­dacteur, Le Pour et le Contre. Il s’expa­trie une dernière fois entre 1741 et 1742 vers l’Allemagne et l’Angleterre. A par­tir de 1747, il mène une vie à peu près régulière dans sa maison de Chaillot où il reçoit ses amis, dont le plus fidèle est Jean-Jacques Rousseau. Ses dernières années se passent à Saint-Firmin, près de Chantilly, où il rédige l’histoire de la maison de Condé. Toujours endetté, toujours à court d’argent, le bonhomme Prévost est un polygraphe inlassable: il a laissé plus de 100 volumes d’œuvres diverses et inéga­les; citons parmi ses romans, Cleveland, Le Doyen de Killerine, Histoire d’une grecque moderne, à peu près illisibles aujourd’hui, et un chef-d’œuvre sans rides, Manon Lescaut. Traducteur de Hume, de Swift, de Richardson, il a introduit la littérature anglaise en Fran­ce, y faisant connaître Paméla, Grandi- son et Clarisse Harlowe, qui a inspiré à Diderot La Religieuse; il a contribué à l’essor du roman en mettant à la mode le genre sentimental propre au XVIIIe siècle et dont Manon reste le meilleur exemple. Au récit tendre et languissant des amours «honnêtes», Prévost substi­tue la peinture réaliste de scènes violen­tes, de coups de théâtre, de drames inté­rieurs provoqués par des passions tyranniques et fatales. Il pose la ques­tion de la liberté humaine et du fameux droit au bonheur dont parlera Saint- Just. Il interprète fidèlement son siècle en pleine mutation.

    « Paul GauguinLouise Labé »

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